L'Histoire de Jannes van Arkel

Une interview avec Jannes van Arkel
Septembre 9, 2024
Poserina 15 x 15 x 10 cm Ceramic
Poserina 15 x 15 x 10 cm Ceramic

Jannes van Arkel est l’artiste inattendu de la Sato Gallery ! Néerlandais, rebelle, libre, jeune et doté d'un immense talent. Né à Rotterdam en 1997, l'année du bœuf — une excellente année pour naître, selon lui — Jannes a grandi dans une famille d'artistes qui voyageait souvent vers des destinations lointaines.

 

Déchiré entre l'envie d'étudier l'anthropologie, l'histoire et l'art en même temps, il choisit de se tourner vers la publicité à l'Académie d'art Willem de Kooning, espérant ainsi satisfaire toutes ses aspirations. Un peu déçu par la réalité et le côté commercial de ces études, il décide d'utiliser les outils publicitaires qu'il a appris pour renverser le système de l'intérieur. Il obtient son diplôme avec mention et finit major de sa promotion avec une installation incroyable que nous avons pu découvrir lors du Willem de Kooning Graduation Show de 2022.

 

         

         (Jannes van Arkel)

 

SG : Quand avez-vous commencé à faire de la céramique ?

 

JvA : J'ai commencé à faire de la céramique vers l'âge de 5 ans, en participant à un atelier d'arts plastiques pour enfants. La céramique m'est venue très naturellement. Mes monstres se créaient d'eux-mêmes. Et c'est toujours le cas. Mon style n'a pas changé.

 

SG : Avez-vous toujours continué la céramique, même en étudiant la publicité, par exemple ?

 

JvA : Oui, j'ai toujours continué à créer. Mais une autre chose qui m'a accompagné dans la vie, c'est la curiosité. J'ai essayé de nombreuses choses différentes. La céramique, cependant, est quelque chose vers lequel je pouvais toujours revenir. Après l'obtention de mon diplôme, j'ai voyagé pendant des mois, et quand je suis rentré l'année dernière, je me suis senti un peu perdu, sans savoir quoi faire. Alors j'ai repris la céramique. C'est comme ça que ma première exposition est née. Je voulais me remettre en forme, alors je suis revenu à ma forme d'origine. C'est ce que je connais bien et où je me sens en confiance.

 

Un autre moment marquant a été pendant mes études. Quand mon foyer ne me semblait plus vraiment être chez moi, parce que mon père est tombé malade. J'ai voulu revenir à cette activité “enfantine”, parce que l'enfant en moi a dû grandir rapidement, car mon foyer n'était plus le même. Bon, il n'avait pas vraiment disparu, mais il n'y avait plus de temps ni d'attention pour moi, car il était en train de mourir. Comprendre ce que cela signifiait pour moi est passé par la céramique. C'est devenu une sorte de mécanisme de survie.

 

 

“La céramique, d'une certaine manière, n'est qu'un moyen.”

 

 

SG : Continuerez-vous à créer des céramiques ?

 

JvA : Oui, je ne peux pas m'arrêter d'en faire. Je “vomis” des monstres. Cela ne me demande aucun effort. J'aime les créer. Ils sont si mignons. Je veux qu'ils existent. Ce sont des formes douces et bienveillantes, et je sais que les gens se sentent à l'aise autour d'eux.

 

Parallèlement, je présente mon livre “50 Things to Do Without Things”, un cadeau gratuit pour tous, qui explore pourquoi nous ne donnons plus de choses gratuitement.

 

          

 

SG : Votre exposition s'appelle “Free Monsters” ; est-ce que tous vos monstres sont vraiment "gratuits" ?

 

JvA : Pas nécessairement, car rien n'est gratuit. J'aimerais faire des échanges, par exemple une expérience. J'aime l'idée qu'un de vos collectionneurs me dise : “Je vous emmène dans mon restaurant préféré à Paris. Voici un billet pour le Thalys, on se retrouve là-bas.” Quelque chose de différent de l'argent. Ou peut-être que quelqu'un prend un monstre, mais revient sous la forme de ma chaise lorsque je pars en rendez-vous.

 

SG : J'ai rencontré une femme sur Instagram qui m'a tricoté une paire de magnifiques chaussettes pour bébé. Elle disait que si elle devait mettre un prix, en prenant en compte le temps et l'effort investis, elles seraient trop chères. Elle préfère donc les échanger contre autre chose. Je lui ai donné une estampe. Est-ce que cela se rapproche de ce que vous faites ?

 

JvA : C'est exactement pourquoi je fais ce que je fais. En tant que diplômé en publicité, j'aime susciter des discussions. Les céramiques ne sont qu'un véhicule, en quelque sorte. Si ce que je fais s'apparente à l'art, je pense que c'est surtout par le concept des questions que je pose et la manière dont je les présente. Ce que je souhaite vraiment créer, c'est de la conversation. Ce projet va au-delà de l'objet. Il y a tellement de choses qui me viennent à l'esprit quand j'entends ce genre d'histoire, comme celle de cette femme qui tricote des chaussettes. Un des mots qui me vient est “passion” et “amour”. Elle crée quelque chose de beau, par amour pour ce qu'elle fait, et elle l'échange contre autre chose. C'est une expérience belle, passionnée, amusante. Mais un autre mot qui me vient est “privilège”. Certaines personnes n'ont pas le temps de faire ce choix. Elles ont juste besoin d'argent.

 

          

 

          

About the author

Julien Leprêtre Sato

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